L’INRS s’est prêté à un exercice original afin d’imaginer les modalités de pilotage du travail qui pourraient émerger d’ici 2040 et d’en identifier les impacts potentiels en matière de santé et de sécurité au travail.

L a santé au travail de demain ? Les chercheurs de l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) proposent une analyse des tendances de la transformation du travail via des entretiens avec des experts et des entrepreneurs, illustrée par des scénarios de design-fiction pour mieux l’envisager. Sans surprise, on y distingue les attentes des travailleurs en matière de liberté d’organisation notamment et la remise en cause de la hiérarchie pyramidale, remarque Éric Peres, secrétaire général de l’UCI-FO. Appui des technologies robotiques aux métiers les plus physiques, organisation en sociétés coopératives, facilitation de la multi-activité… peuvent apporter une plus grande satisfaction au travailleur et redonner du sens à son activité, estime cette analyse prospective.

Entre autonomie et contrôle excessif

Le développement du travail au sein des plateformes et l’essor des outils d’intelligence artificielle ne sont cependant pas dénués de nombreux risques : isolement des travailleurs, contrôle automatisé de leur productivité, difficulté d’accès à leurs droits, stress lié à leur évaluation ou à la densification du travail… Pour toute nouvelle technologie, il est indispensable d’évaluer son impact sur l’organisation du travail et sur les droits fondamentaux (à la santé, à la vie privée…), souligne Éric Pérès. Or, actuellement, 70 % des systèmes d’intelligence artificielle déployés dans l’entreprise le sont sans que les salariés soient réellement informés…

Dix-sept messages clés concluent cet exercice de prospective, parmi lesquels des recommandations telles que : la clarification et le maintien de la responsabilité pénale des employeurs en matière de santé au travail (pour limiter l’impact de leur recherche de flexibilité), l’intégration de l’ensemble des travailleurs sous un même régime d’AT/MP, la prise en compte du travail réel dans la conception même des nouvelles technologies, l’intégration de la prévention dans la formation tout au long de la vie professionnelle… « Et globalement, les syndicats doivent pouvoir accompagner les travailleurs, même les plus isolés, dans l’accès à leurs droits », complète Éric Pérès.